Poussières
Les points clés
Les poussières sont des aérosols solides présents en milieu de travail. Ces aérosols sont issus de divers procédés : matériaux pulvérulent, ponçage, abrasion, combustion diesel… Leur diamètre varie de quelques nanomètres à 100µm.
Les poussières ont pour effet primaire de générer une surchage pulmonaire, entraînant à long terme des troubles respiratoires chroniques. Certains aérosols solides provoquent des pathologies plus importantes comme des cancers pulmonaires, de l’asthme, ou toucher d’autres organes comme le sang
Les principes de la prévention s’applique sur les poussières en commençant par évaluer le risque, supprimer les sources émettrices ou encore réduire le niveau d’exposition des collaborateurs.
Les poussières sont considérés comme des agents chimiques dangereux au sens de l’article R4412-2 du Code du travail. Les dispositions de la prévention du risque chimique s’applique ainsi que la section sur l’aération et l’assanissement des locaux de travail. Des dispositions particulières s’appliquent en fonction de la nature des aérosols, dont certaines substances classés CMR de catégories 1A/1B ou 2.
Qu'est-ce qu'une poussière ?
Les particules aérosols solides présentes dans l’air dites en suspension, dénommées plus communément poussières, sont des micro-particules de divers diamètres : de quelques nanomètres (on parle alors de nanomatériaux) à 100µm. Au délà, la définition d’aérosol évolue.
Leurs propriétés physiques et chimiques dépendent de leur nature : plomb, silice, bois, farines, poussières organiques, combustion diesel, et bien d’autres encore. Elles peuvent également considérés dans leur ensemble, soit la totalité des poussières, sans distinction, que le dénomme alors poussières sans effet spécifique (PSES).
Dans le milieu du travail, elles sont issus de divers procédés ou façon de travailler, rendant les scénarios d’évaluation multiples. Il y a la manipulation de matériaux pulvérulents type poudres, sables fins, ciment. Les dégradations de matériaux par effet de retrait de matière comme par exemple le ponçage, l’usinage, ou le broyage. Les poussières peuvent être remises en suspension dans l’air, alors qu’elles étaient déposés sur une surface, par effet de balayage de l’air, vibrations.
Leur danger vient de leur capacité à être inhalées et à pénétrer plus ou moins profondément dans le système respiratoire. Il est défini 3 catégories granulométriques d’aérosols :
- La fraction inhalable : aérosols ayant une probabilité d’être inhalés par le nez ou la bouche
- La fraction thoracique : aérosols ayant une pénétration au niveau de la zone larynx (inférieur à 10µm)
- La fraction alvéolaire : aérosols ayant une pénétration aux niveaux de brionchioles (inférieur à 4µm)
Sur ce même volet, le Code de l’environnement défini d’autres catégories, à peu près similaires, et utilisés dans l’étude de la qualité de l’air :
- PM10 : particule matter de 10µm
- PM2,5 : particule matter de 2,5µm
Quels sont les effets des poussières sur la santé ?
Fonctionnement :
Les poumons bénéficient d’une série de mécanismes de défense répartis dans les voies respiratoires pour les protéger.
Lorsque nous respirons, des particules présentes dans l’air entrent dans notre nez, mais seules certaines d’entre elles atteignent réellement les poumons. Le nez agit comme un filtre efficace, arrêtant la plupart des grosses particules qui sont ensuite expulsées lorsque nous nous mouchons ou éternuons.
Les particules plus fines peuvent contourner le nez et atteindre les voies respiratoires inférieures, comme les bronches et les bronchioles, qui sont recouvertes de cellules. Ces cellules produisent du mucus qui emprisonne la majorité des particules de poussière. Les cils vibratiles présents sur les parois des voies respiratoires dirigent ensuite le mucus chargé de poussières vers la gorge, où il est éliminé par la toux, l’expectoration ou la déglutition.
L’air chargé de particules de poussière qui a traversé les défenses du nez et des voies respiratoires atteint les sacs alvéolaires, qui se trouvent à l’intérieur des poumons. Ces sacs alvéolaires sont essentiels car ils permettent les échanges gazeux, fournissant de l’oxygène au corps et éliminant le dioxyde de carbone.
Lorsque les particules de poussière atteignent les sacs alvéolaires et les voies aériennes inférieures, elles sont attaquées par des cellules spéciales appelées macrophages. Ces macrophages engloutissent les particules et les transportent vers les voies aériennes supérieures tapissées de cils vibratiles. Les cils vibratiles déplacent ensuite les macrophages vers la gorge, où ils sont expulsés par la bouche ou avalés.
En plus des macrophages, les poumons disposent d’un autre mécanisme de défense qui consiste en la production de protéines pour neutraliser les particules porteuses de germes.
Les poussières présentes dans l’air peuvent être de nature minérale ou organique. Les poussières minérales proviennent du broyage de métaux ou de minéraux tels que la silice, l’amiante et le charbon. Les poussières organiques proviennent de végétaux ou d’animaux, comme le pollen, les spores de moisissures et les déjections d’animaux.
Lorsque les particules de poussière pénètrent dans les poumons, elles peuvent causer diverses maladies pulmonaires. Par exemple, l’inhalation de silice peut conduire à la silicose, qui provoque la formation de tissu cicatriciel dans les poumons. L’amiante, le béryllium et le cobalt peuvent également causer des lésions pulmonaires et la rigidification des poumons.
La réaction des poumons à l’inhalation de particules dépend de l’endroit où elles se déposent. Par exemple, si les particules irritantes se logent dans le nez, elles peuvent causer une inflammation de la muqueuse nasale, tandis que si elles atteignent les voies respiratoires plus larges, elles peuvent provoquer une inflammation de la trachée ou des bronches.
La gravité des lésions pulmonaires dépend de la quantité et du type de particules inhalées. Certaines particules, comme celles de carbone et de fer, sont capturées par les macrophages sans causer de dommages importants, tandis que d’autres, comme la silice, peuvent entraîner la formation de tissu cicatriciel et une altération de la fonction pulmonaire.
Fumer et d’autres facteurs individuels, tels que la respiration rapide et le tabagisme, peuvent également influencer les effets des particules inhalées. Une exposition excessive à la poussière peut entraîner des lésions pulmonaires, et certaines particules peuvent même se dissoudre dans le sang et affecter d’autres organes du corps.
Les principales affections liées à ces poussières :
Pneumoconiose bénigne : Elle survient lorsque des poussières en apparence inoffensives sont inhalées et s’accumulent dans les poumons. Ces dépôts peuvent être visibles sur une radiographie, mais heureusement, ils n’endommagent pas les tissus pulmonaires et n’entraînent pas d’invalidité. Cette maladie est souvent associée à l’inhalation de poussières métalliques telles que le fer et l’étain.
Pneumoconioses : Ce terme regroupe un ensemble de maladies pulmonaires chroniques causées par l’inhalation de certaines poussières minérales. Chacune de ces maladies porte le nom de la poussière responsable. Les plus connues sont :
- L’asbestose : causée par l’inhalation de poussières d’amiante.
- La silicose : causée par l’inhalation de poussières de silice.
- La talcose : causée par l’inhalation de poussières de talc.
Pneumopathie : Il s’agit d’une inflammation des tissus pulmonaires ou des bronchioles principalement causée par l’inhalation de certaines poussières métalliques. Les symptômes peuvent ressembler à ceux d’une pneumonie, mais leur gravité dépend du métal inhalé. Cette affection est le plus souvent liée à l’inhalation de poussières de cadmium et de béryllium.
Mésothéliome pleural : Il s’agit d’une tumeur des poumons généralement causée par une exposition à l’amiante.
Cancer du poumon : Ce type de cancer peut également être causé par une exposition à l’amiante.
Quelques exemples de typologie de poussières et de leurs effets :
- Les poussières de silice cristalline : Inhaler ces poussières peut entraîner la silicose, une maladie pulmonaire chronique, ainsi que des risques accrus de développer des cancers pulmonaires.
- Les poussières de bois : L’inhalation de ces poussières peut causer des cancers au niveau du nez et des sinus, appelés cancers naso-sinusiens.
- Les poussières de farine : Inhaler des poussières de farine peut provoquer des asthmes, avec des symptômes tels que des difficultés respiratoires, des crises de toux et une sensation d’oppression thoracique.
- Les poussières de plomb ou de ses composés : Le contact avec ces poussières peut entraîner une intoxication au plomb, appelée saturnisme, lorsqu’il pénètre dans la circulation sanguine. Le saturnisme peut avoir de graves conséquences sur la santé, notamment sur le système nerveux et les organes internes.
Le risque d’explosion :
En plus du risque pulmonaire, ce risque concerne différents types de poussières : alimentaires (comme le sucre, l’amidon et la farine), végétales (comme le coton et le bois), métalliques (comme l’aluminium et le magnésium) et industrielles (comme les matières plastiques et les déchets pulvérulents).
Toutes ces poussières combustibles peuvent provoquer une explosion dans certaines conditions :
- Lorsqu’elles sont en suspension dans l’air sous forme d’un nuage de poussière.
- Lorsqu’elles atteignent une concentration suffisamment élevée.
- Lorsqu’elles se trouvent dans un espace clos, comme une pièce, un silo ou une citerne.
- Lorsqu’elles entrent en contact avec une source d’énergie telle qu’une étincelle, de l’électricité statique ou une surface chaude.
Comment prévenir les risques liés aux poussières ?
1 – Evaluer le risque
L’évaluation des risques inhérents aux poussières constitue la première étape de toute démarche préventive visant à atténuer ces risques. Cette évaluation requiert une prise en compte détaillée des éléments suivants :
A – Caractérisation des poussières : Il convient de procéder à une analyse approfondie des caractéristiques des poussières potentiellement présentes sur les divers postes de travail. Cette caractérisation doit inclure l’identification précise des substances chimiques, des matériaux et des agents dangereux présents dans les poussières.
B – Évaluation de l’exposition aux poussières : Une évaluation rigoureuse est nécessaire afin de déterminer les niveaux d’exposition des travailleurs aux poussières sur les postes de travail concernés. Cette évaluation peut nécessiter la réalisation de mesures et d’analyses spécifiques permettant de quantifier la concentration et la durée d’exposition.
Nos solutions autour de l'évaluation
2 – Supprimer le risque
Substituer des produits dangereux : Il convient de rechercher des alternatives moins dangereuses ou moins émettrices de poussières afin de remplacer les produits dangereux existants. Par exemple, dans le cas de la fabrication de peintures, l’utilisation de poudres en suspension dans l’eau peut être privilégiée plutôt que l’utilisation de poudres sèches.
3 – Réduire le risque
L’objectif consiste à réduire au maximum l’exposition des travailleurs aux poussières. Cette réduction peut être réalisée en mettant en place des moyens de prévention collective tels que :
Captation à la source : Il est recommandé d’installer des dispositifs de captation des poussières directement sur les machines et les équipements générant des poussières, tels que les machines d’usinage du bois, les engins de rabotage de chaussées, les scies circulaires utilisées pour la découpe du bois sur les chantiers, etc.
Abattage des poussières : Cette méthode consiste à réduire les émissions de poussières en utilisant des techniques telles que la pulvérisation d’eau, notamment sur les tronçonneuses utilisées pour la découpe des bordures de trottoirs.
Autres mesures techniques : Il est également possible d’employer des procédés par voie humide, de confiner les procédés générateurs de poussière en maintenant une pression négative (inférieure à la pression atmosphérique extérieure) dans les espaces confinés, d’extraire l’air chargé de poussières à l’aide d’un système de collecte avant son rejet dans l’atmosphère, de privilégier l’utilisation d’aspirateurs plutôt que de balais, d’assurer un bon entretien des locaux, de mettre en place des pratiques efficaces d’entreposage et de transport, ainsi que d’assurer une élimination contrôlée des déchets toxiques.
4 – Le port d’équipement respiratoire (individuel) EPI
Ces solutions sont le dernier recours à mettre en œuvre selon les 9 principes généraux de la prévention. Il convient d’adapter le masque à la concentration attendue et au profil de visage, unique pour chaque individu.
Des formations aux ports des EPI peuvent être nécessaires pour parfaire l’efficacité de ces dispositifs.
A quelle réglementation sont soumises les poussières ?
La prévention de l’exposition aux poussières relève des dispositions réglementaires du Code du travail concernant la gestion du risque chimique.
Le terme « agent chimique dangereux » (ACD) est utilisé pour désigner tout agent chimique considéré comme dangereux selon la classification européenne.
Il englobe les substances et mélanges répondant aux critères de classification relatifs aux dangers physiques, pour la santé ou pour l’environnement, tels que définis dans l’annexe I du règlement CLP (règlement (CE) n° 1272/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 modifié). De plus, un agent chimique peut être considéré comme ACD s’il présente un risque pour la santé et la sécurité des travailleurs en raison de ses propriétés physico-chimiques, chimiques ou toxicologiques, même s’il ne satisfait pas aux critères de classement. Cela inclut également les agents chimiques pour lesquels des décrets prévoient des valeurs limites d’exposition professionnelle (article R. 4412-3).
Selon cette définition, une poussière peut être soumise aux dispositions applicables aux ACD, même si la substance qui la compose n’est pas classée comme ACD au niveau européen. Les articles R. 4412-1 à R. 4412-57 du Code du travail s’appliquent dans ce cas.
Certaines poussières sont soumises à des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaires contraignantes ou indicatives. Cela concerne notamment les poussières de silice cristalline, de bois ou de plomb, qui sont réglementées respectivement par les articles R. 4412-149 et R. 4412-150.
De plus, certaines poussières sont soumises à des dispositions spécifiques aux agents chimiques CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques). Les articles R. 4412-59 à R. 4412-93 du Code du travail définissent les substances ou mélanges classés comme CMR de catégorie 1A ou 1B selon le règlement CLP, ainsi que les substances, mélanges ou procédés définis comme cancérogènes par arrêté. Par exemple, les travaux exposant à la poussière de silice cristalline alvéolaire issue de procédés de travail entrent dans cette catégorie.
Les dispositions du Code du travail relatives à l’aération et à l’assainissement des locaux de travail prennent également en compte les poussières. L’article R. 4222-10 fixe des concentrations à ne pas dépasser pour les locaux présentant une pollution spécifique. Ces concentrations ont été modifiées au 1er janvier 2022 et sont actuellement fixées jusqu’au 30 juin 2023 à 7 mg/m3 en moyenne sur 8 heures pour les poussières totales (ou inhalables), et à 3,5 mg/m3 en moyenne sur 8 heures pour les poussières alvéolaires. À partir du 1er juillet 2023, ces concentrations seront respectivement de 4 mg/m3 et de 0,9 mg/m3.
Pour les mines et carrières, la valeur limite pour les poussières alvéolaires, qui s’applique en extérieur, reste fixée à 5 mg/m3.