Agents biologiques
Les points clés
La plupart des agents biologiques sont microscopiques êtres vivants que l’on ne peut pas voir à l’œil nu. Ils se trouvent partout, dans les êtres vivants, dans l’environnement et dans les lieux de travail. Classés par catégories on retrouve les bactéries, les champignons microscopiques, les virus, les parasites et les prions.
La grande majorité des agents biologiques ne présentent aucun danger pour l’homme. En fait, certains d’entre eux sont même exploités pour la fabrication de produits alimentaires tels que le pain et les fromages, ainsi que dans le domaine des biotechnologies pour la production de vaccins, d’anticorps, et bien d’autres encore. Cependant, il convient de souligner que certains agents biologiques peuvent occasionner des maladies plus ou moins sévères chez l’homme.
La prévention des risques biologiques implique de rompre la chaîne de transmission le plus tôt possible, en accordant une attention particulière au réservoir des agents biologiques. Il est essentiel de mettre en place des mesures d’organisation du travail, de protection collective et individuelle, qui se complètent mutuellement.
Selon l’article R. 4421-2 du Code du travail, les agents biologiques sont définis comme des micro-organismes, y compris les micro-organismes génétiquement modifiés, ainsi que des cultures cellulaires et des endoparasites humains. Ces agents biologiques ont la capacité de causer des infections, des allergies ou des intoxications chez les individus exposés
Quelle est la définition d'un agent biologique ?
Les agents biologiques sont classifiés en différentes catégories majeures :
Les bactéries sont des micro-organismes unicellulaires, ayant une taille variant de 1 à 10 micromètres. Elles se présentent sous la forme de bacilles (en forme de bâtonnet) ou de coques (en forme de sphère).
Les champignons microscopiques sont des micro-organismes dont la taille varie de 1 à 100 micromètres. Ils peuvent être composés d’une seule cellule, connus sous le nom de levures, ou de multiples cellules, appelés moisissures. Les spores fongiques, également appelées spores de moisissures, se dispersent aisément dans l’environnement.
Les virus sont des entités non cellulaires, d’environ 0,1 micromètre, qui ne peuvent survivre et se multiplier que à l’intérieur de cellules vivantes spécifiques, qu’elles soient d’origine humaine, animale, insecte, végétale ou microbienne.
Les endoparasites sont des micro-organismes vivant à l’intérieur d’un organisme d’une espèce différente, se nourrissant de cet organisme hôte.
- Les protozoaires sont des organismes constitués d’une seule cellule contenant un noyau, présentant une grande diversité de tailles, allant de 10 micromètres à 2 cm.
- Les helminthes sont des vers plats ou cylindriques, ayant une taille allant de 50 micromètres à 8 mètres.
Les prions, ou agents transmissibles non conventionnels (ATNC), sont des protéines responsables de maladies dégénératives du système nerveux central chez l’homme et certains animaux, ayant une taille d’environ 0,01 micromètre.
Les agents biologiques, en tant qu’être vivant, nécessitent des éléments nutritifs et des conditions environnementales particulières pour leur survie et leur reproduction. De plus, leur durée de vie est intrinsèquement limitée.
Ces agents biologiques se distinguent par plusieurs caractéristiques, notamment :
- Exigences spécifiques en matière de conditions environnementales telles que l’humidité, la température, et d’autres facteurs environnementaux.
- Besoins nutritifs spécifiques pour leur croissance et leur développement.
- Capacité de reproduction pour se multiplier.
- Durée de vie limitée, dépendante également du milieu dans lequel les agents évoluent.
De plus, il est important de prendre en compte les molécules produites par les agents biologiques, telles que les endotoxines issues de la paroi de certaines bactéries et les mycotoxines produites par les moisissures. Ces substances peuvent avoir des effets toxiques sur les organismes exposés.
Risque biologique, de quoi parle-t-on ?
Les effets sur la santé manifestent une grande variabilité, étant soumis à la dépendance de plusieurs facteurs, tels que la nature des agents biologiques, les modalités d’exposition et des paramètres individuels.
L’exposition aux agents biologiques engendre une diversité d’impacts sanitaires classifiables en quatre catégories :
1 – Infections :
Les infections sont la conséquence de la pénétration et de la multiplication d’agents biologiques au sein de l’organisme.
Les maladies infectieuses qui en découlent se caractérisent par leur localisation, leur sévérité (fièvres bénignes, complications respiratoires…) et le délai d’apparition des symptômes (pouvant aller jusqu’à plusieurs mois).
La virulence d’un agent biologique fluctue selon son hôte spécifique. Certains agents pathogènes n’induisent des maladies que chez des espèces animales déterminées (telle que la fièvre aphteuse chez les bovins, les caprins et les ovins) ou exclusivement chez l’humain (comme la coqueluche, la varicelle).
D’autres agents peuvent infecter à la fois l’homme et l’animal, se transmettant des animaux à l’homme et donnant lieu à des infections zoonotiques (par exemple, la rage).
Certains facteurs individuels influencent le risque de contracter une infection. Certains individus peuvent développer une immunité spécifique vis-à-vis d’agents pathogènes après une exposition antérieure, qu’ils aient développé une maladie ou non. Toutefois, toutes les infections ne confèrent pas une immunité durable.
La vaccination peut également stimuler les défenses immunitaires, mais l’éventail d’agents infectieux pour lesquels des vaccins sont disponibles reste restreint.
Inversement, les défenses immunitaires peuvent être affaiblies (par exemple en cas de syndrome d’immunodéficience acquise). Cette affaiblissement peut entraîner une susceptibilité accrue aux infections ou une évolution plus sévère de celles-ci.
En outre, certaines infections peuvent perturber le déroulement normal d’une grossesse ou avoir des conséquences néfastes pour le fœtus.
2 – Allergies :
Les allergies se manifestent par des réactions d’hypersensibilité résultant d’une réponse immunitaire inappropriée. Les symptômes associés sont provoqués par la présence d’allergènes d’origine biologique.
Le seuil déclencheur de ces réactions varie considérablement d’un individu à l’autre et peut également fluctuer au cours du temps pour un même individu, évoluer avec l’âge par exemple.
3 – Effets toxiniques :
Certains agents biologiques produisent des toxines qui peuvent engendrer des conséquences néfastes pour la santé.
Les exotoxines sont sécrétées par certaines bactéries, provoquant divers troubles tels que des perturbations intestinales, des affections cutanées ou des troubles neurologiques.
Les endotoxines font partie des composants de la paroi des bactéries nommées Gram négatif, qui peuvent proliférer dans des environnements favorables tels que les eaux usées, le compost ou les déchets domestiques.
Les endotoxines sont libérées lors de la division cellulaire et de la mort des bactéries, persistant dans l’environnement bien après leur disparition.
L’exposition professionnelle aux endotoxines par voie respiratoire peut entraîner divers effets, notamment le syndrome toxique des poussières organiques (STPO), caractérisé par une fièvre temporaire accompagnée de courbatures semblables à un début de grippe, des manifestations respiratoires marquées et réversibles sans séquelles, ainsi qu’une sensation d’étouffement ou d’oppression thoracique après une exposition massive à des poussières contaminées.
Des affections broncho-pulmonaires pouvant devenir chroniques (pouvant évoluer vers une insuffisance respiratoire) sont également possibles.
Les mycotoxines, quant à elles, sont des substances toxiques produites par certaines moisissures dans des conditions d’humidité, de température et sur certains substrats (comme les fruits).
L’ingestion d’aliments contaminés peut entraîner des atteintes hépatiques, rénales, neurologiques, des perturbations du système immunitaire, des troubles de la reproduction, voire des cancers, selon le type de mycotoxine. Cependant, les effets d’une exposition cutanée ou respiratoire en milieu professionnel à ces mycotoxines ne sont pas encore clairement établis.
4 – Cancers :
Les cancers sont des tumeurs malignes résultant de la prolifération anarchique des cellules. Certaines infections sont connues pour leur potentiel cancérogène. Par exemple, une infection chronique par le virus de l’hépatite B peut évoluer vers un cancer du foie.
Aucun agent biologique ou produit d’origine biologique n’est répertorié dans la liste européenne des agents cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction, à ce jour.
En vertu de l’article R. 4421-3 du Code du travail, les agents biologiques sont classés en quatre groupes en fonction du niveau de risque qu’ils présentent, allant du groupe 1 qui est sans danger pour l’homme, au groupe 4 qui représente un risque élevé.
Le groupe 1 englobe les agents biologiques qui ne sont pas susceptibles de causer des maladies chez l’homme.
Le groupe 2 comprend les agents biologiques qui peuvent provoquer des maladies chez l’homme et représenter un danger pour les travailleurs. Leur propagation dans la communauté est peu probable et il existe généralement des mesures prophylactiques ou des traitements efficaces.
Le groupe 3 regroupe les agents biologiques qui peuvent causer des maladies graves chez l’homme et représenter un danger sérieux pour les travailleurs. Leur propagation dans la communauté est possible, mais généralement des mesures prophylactiques ou des traitements efficaces sont disponibles.
Le groupe 4 comprend les agents biologiques qui causent des maladies graves chez l’homme et représentent un danger sérieux pour les travailleurs. Le risque de leur propagation dans la communauté est élevé. Généralement, il n’existe ni mesures prophylactiques ni traitements efficaces pour ces agents biologiques.
Quelles sont les actions de prévention contre le risque biologique ?
1 – Evaluer le risque
L’évaluation des risques biologiques repose sur une approche scientifique et implique les étapes suivantes :
1 – Identification des réservoirs : Il s’agit de localiser les sources potentielles où des agents biologiques dangereux peuvent se développer et se propager.
2 – Identification des activités exposantes : Cette étape consiste à déterminer les tâches ou activités susceptibles d’exposer les travailleurs aux réservoirs identifiés.
3 – Vérification de la compatibilité de l’exposition : Il est essentiel de vérifier si l’exposition identifiée est en accord avec le mode de transmission des agents biologiques présents dans le réservoir. Cela permet d’évaluer si l’exposition représente un risque réel pour le travailleur.
Si l’exposition du travailleur correspond à la voie de transmission de l’agent biologique, alors il existe un risque potentiel pour sa santé. Cette évaluation permet d’identifier les mesures de prévention et de protection nécessaires pour réduire ce risque.
Nos solutions autour de l'évaluation
2 – Supprimer ou diminuer le réservoir
- Nettoyage et entretient régulier des espaces de travail.
- Vaccination et traitement des animaux.
- Aération et ventilation des locaux en faisant attention à certains paramètres comme l’humidité.
- Destruction des réservoirs temporaires comme les sources de nourritures pour les rats en réserve…
- Désinfection des surfaces avec un agent approprié
3 – Réduire le risque de transmission
- Eviter la mise en suspension des agents par un mouvement cinétique et préférer une approche plus lente (exemple nettoyage par balai vapeur plutôt que jet d’eau).
- Travailler sous des systèmes à sécurité microbiologiques avec accès restreint.
- Dédier des évacuations spécifiques pour les déchets biologiques à risque infectieux.
- Remplacer un procédé de découpe manuel par un procédé automatique en abattoir.
- Prévoir un vestiaire à double sas avec vêtement de travail et installations sanitaire de décontamination.
- Assurer une ventilation suffisante et prévoir les entretiens adéquats.
4 – Le port d’équipement individuel – EPI
En complément des mesures de protection collective, fournir aux travailleurs des équipements de protection individuelle (EPI) tels que des vêtements de protection, des gants, des lunettes de sécurité et des masques respiratoires appropriés est une notion indispensable en milieu biologique.
Ces fournitures doivent être accompagnés d’une formation et d’une sensibilisation à l’hygiène de vie (éviter de manger sur l’espace de travail, se laver les mains par exemple) et à la décontamination, lors des phases de retrait des EPI, pour éviter une contamination des agents présents en surface.
Que dit la réglementation ?
En matière de prévention des risques biologiques, outre les principes généraux, il existe des dispositions spécifiques à certaines activités, comme indiqué dans les articles R. 4424-7 à R. 4424-11 du Code du travail.
Pour les travaux en contact avec des animaux, l’arrêté du 4 novembre 2002 concernant la transmission des zoonoses définit les mesures de prévention, telles que la conception des installations, le choix des équipements, les moyens d’hygiène et les pratiques de travail.
Ces mesures s’appliquent aux établissements employant des travailleurs susceptibles d’entrer en contact avec des animaux domestiques, des animaux sauvages (apprivoisés, en captivité ou en liberté), vivants ou morts, ainsi que des déchets contaminés.
Dans les laboratoires et les biotechnologies, des mesures de confinement adaptées aux risques identifiés s’appliquent aux salles dédiées aux activités techniques, conformément aux articles R. 4424-9 et R. 4424-10.
L’arrêté du 16 juillet 2007, modifié, précise les mesures techniques de prévention, notamment en matière de confinement, à mettre en œuvre dans les laboratoires de recherche, d’enseignement, d’analyses, d’anatomie et cytologie pathologiques, les salles d’autopsie, ainsi que les établissements industriels et agricoles où les travailleurs peuvent être exposés à des agents biologiques pathogènes.
En ce qui concerne le contact avec des objets perforants, l’arrêté du 10 juillet 2013, conformément à l’article R. 4424-11 du Code du travail, prévoit des mesures de prévention des blessures et des risques de contamination par des agents biologiques pathogènes pour les travailleurs susceptibles d’entrer en contact avec de tels objets dans les établissements de soins.
Cet arrêté précise les catégories d’établissements et de services concernés, les règles d’information et de formation des travailleurs, ainsi que la prise en charge des travailleurs blessés. Il définit également les accidents exposant au sang (AES) et met l’accent sur la disponibilité de dispositifs médicaux de sécurité. Les précautions standard vis-à-vis des AES sont détaillées dans son annexe I, tandis que l’annexe II concerne l’organisation de la prise en charge après un AES.
Pour les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI), des dispositions spécifiques régissent leur entreposage, le contrôle des filières d’élimination et les emballages à utiliser, conformément aux arrêtés du 7 septembre 1999 modifiés et du 24 novembre 2003.
Les travailleurs exposés à des agents biologiques doivent recevoir une information et une formation sur les risques pour la santé, les mesures d’hygiène à suivre, l’utilisation des équipements de protection individuelle, la gestion des déchets, les mesures de prévention et d’intervention en cas d’incident.
La formation à la sécurité est dispensée avant que les travailleurs n’effectuent des tâches impliquant un contact avec des agents biologiques. Elle doit être régulièrement renouvelée et adaptée en fonction de l’évolution des risques et des avancées techniques, conformément aux articles R. 4425-1 à R. 4425-7 du Code du travail.
Les salariés exposés à des agents biologiques du groupe 2 (conformément à l’article R. 4421-3 du Code du travail) doivent bénéficier d’une visite d’information et de prévention (VIP) réalisée par un professionnel de santé, tel que le médecin du travail ou, sous sa supervision, un médecin collaborateur, un interne en médecine du travail ou un infirmier.
Les salariés exposés aux agents biologiques des groupes 3 et 4 (conformément à l’article R. 4421-3) font l’objet d’un suivi individuel renforcé (SIR) conformément à l’article R. 4426-7.
Le Code du travail interdit l’exposition au virus de la rubéole ou au toxoplasme des femmes enceintes non immunisées, conformément à l’article D. 4152-3.
Une étude de poste spécifique peut être réalisée pour déterminer si le maintien au poste de travail est possible.
Si les risques pour la grossesse ne peuvent être maîtrisés par des mesures de prévention collectives et individuelles renforcées, un changement temporaire de poste peut être envisagé, conformément à l’article L. 1225-7.
Si aucun autre poste ne peut être proposé, le contrat de travail est suspendu jusqu’au début du congé de maternité, et une garantie de rémunération est accordée pendant cette période de suspension, conformément aux articles L. 1225-12, L. 1225-14 et R. 1225-4.
Il est également interdit d’affecter des jeunes âgés d’au moins 15 ans et de moins de 18 ans à des travaux les exposant aux agents biologiques des groupes 3 ou 4, à l’abattage, l’euthanasie et l’équarrissage d’animaux, ainsi qu’à des travaux impliquant le contact avec des animaux féroces ou venimeux, conformément à l’article D. 4153-19 et à l’article D. 4153-37.
Cependant, certaines dérogations sont possibles pour certains travaux interdits aux jeunes travailleurs, à condition d’avoir fait l’objet d’une déclaration auprès de l’inspecteur du travail.